jeudi 30 mai 2013

Le rap de Brooklyn (feat. Noé sNoe Cointre)





Avis aux amateur de grand rap : Noé et son groupe ont réalisé un clip, enregistré un album et jouent ce soir en concert au Brooklyn College (université de Brooklyn) !!!!

Matez la video et je vous en dis plus après le concert ce soir.

lundi 27 mai 2013

A une heure des gratte-ciels, la cambrousse

Grand soleil, drapeaux fleurissant aux portes des maisons, pelouse bien verte, du bleu-blanc-rouge et la fanfare locale, comme en France. Sauf que tout cela se tenait à l'ombre des grands arbres, pas dans la bruine de novembre.





La journée des Anciens combattants, "Memorial Day", aux Etats-Unis, c'est au mois de mai. C'était aujourd'hui même, lundi.

Journée pour se souvenir, mais aussi le coup d'envoi de l'été - comme Labor Day en septembre clot la période estivale. 


Par exemple, Governor's Island, l'île au sud de Manhattan où l'on va prendre le frais en été, a rouvert pour la saison. Barbecues, bains de soleil, vélo.
C'était aussi le jour choisi par le maire Bloomberg pour démarrer son système de location de vélos, genre Vélib parisiens (95$ par an, 25$ la semaine, 9,95$ par jour). Une flotte de deux-roues bleus appellés City Bike, en référence à leur sponsor, City Bank (pas un geste sans sponsor, ici!) a inervé Manhattan au sud de la 59th rue et dans Brooklyn.
Et comme le beau temps était de la partie, les hôtels affichaient tous complets au-delà de 20km : ce week-end là, les New Yorkais s'évadent en masse vers les plages de Long Island, du New Jersey et les rives fraîches de l'Hudson River, au Nord de la mégapole.


C'est l'option que nous avons prise, avec mes fistons. Nous sommes allés en train jusqu'à Beacon, à une heure vingt de New York. Dépaysant comme un voyage à l'autre bout du pays.




On a pris le train et on a très bien fait. Il emprunte la vallée de ce fleuve majestueux qu'il longe fidèlement jusqu'à destination. Pour Beacon, on ne prend pas l'ultra-rapide Amtrak qui emmène jusqu'à Montréal, mais le plan-plan MetroNorth, ligne de l'Hudson, train local sans réservation.


Un long tunnel nous éructe de la gare de Grand Central, puis on passe la mythique 125e rue d'Harlem et le Yankee Stadium dans le Bronx. Les immeubles s'espacent, laissent les parcs s'étaler, jusqu'au pont Georges-Washington sur la gauche. Commencent alors à s'égréner de petits villages avec boutiques d'antiquités et coffee shops. Plutôt bobo, mais super agréable. On se croirait à la fois au fin fond de l'Amérique ET dans un catalogue de Pottery Barn.



(là, c'est l'Hudson filmée du train)
A Beacon, le dimanche midi, un petit marché accueille les voyageurs. Légumes du coin, pain fait maison, madeleines (françaises). On s'est régalé d'une Flammenküche avec ingrédients locaux et d'un hummus relevé. 





Et à quelques centaines de mètres, un lieu absolument génial: Dia Museum.
Dia, en grec, signifie "through", "à travers". Le musée a été ouvert dans une ancienne biscuiterie de cette petite ville typique américaine, avec une rue centrale ("Main Street") regroupant tous les magasins et services (la caserne de pompiers, l'école), et des maison parsemées dans la verdure. 



Le jardin du musée.




Le lieu s'étend au bord de l'Hudson, l'espace intérieur est immense, autorisant l'exposition de la série de sérigraphies "Shadows" d'Andy Wharol sur tout le pourtour d'une salle. Le bâtiment a l'allure d'un ancien entrepôt, avec de grandes vitres alternant le verre dépoli et le verre clair ce qui forme de petites lucarnes de netteté sur la campagne environnante, comme des tableaux à l'intérieur de la fenêtre. 


A l'étage, une des araignées géantes de Louise Bourgeois, sublime artiste française, décédée en 2010, qui avait établi son studio à Brooklyn. Il y a aussi des dizaines de ses sculptures en forme de cocon ou de phallus. 
Plus loin, plusieurs murs en métal de Richard Serra. L'un évoque la poupe d'un paquebot prenant le large. 

Et puis Sol LeWitt, qui a dessiné de légers carreaux répétés à même les murs du musée. Ou Dan Flavin et ses néons placés en perspective.



L'urne qui recueille les "boutons" à épingler sur ses vêtements pendant la visite.

On a dormi à Cold Spring, à un arrêt de train de là, dans une auberge belle et de guingois, en marge de la rue principale. "Main Street, USA".

lundi 20 mai 2013

Mes enfants speakent l'english couramment

Dimanche de pluie, dimanche en gris. Dimanche au cinoche. 
Pendant que Félix cogitait avec son pote Omar sur son projet de classe de science - peut-être une fusée, mais comment la construire, ils ne sont pas sûrs encore- je suis allée voir "The Great Gatsby", avec Noé, Léo étant assis à l'autre bout de la salle avec ses potes.
Bon? Pas bon? Avis partagés. Moi, j'ai globalement aimé, même si les effets d'emphase et de caméra sont un peu "too much", et si AGAIN je me suis demandée pourquoi le réalisateur avait eu besoin de 2h30 (!!!) pour raconter cette histoire. Mais bon, c'est divertissant, et ça donne envie de se plonger dans le livre de Francis Scott Fitzgerald (on s'est procuré l'original en anglais dès la sortie).
Mais là n'est pas la question.
Pendant le générique de début, il m'est revenu un souvenir très précis. Très vivace.
C'était dans les premières semaines de notre installation à New York. En août. L'école n'avait pas repris, et nous n'avions pas emménagé à Brooklyn, encore hébergés par un ami dans le Lower East Side, à Manhattan.
Avec mes deux fils aînés, nous nous sommes lancés, avec fougue et en bus - ce qui n'est pas qu'une demi-aventure - à l'assaut de  "Batman The Dark Knight Rises". Il faisait chaud. Presque nuit. On a mangé une glace en face du ciné après avoir pris nos places, en attendant la séance.
C'était dans l'East Village. Au AMC Loews Village 7, sur la 3e Avenue.
On est ressortis rincés, après plus de deux heures (AGAIN!) de film, pas tout compris, cerveaux en ébullition.
Ils n'étaient pas bilingues, je l'avais juste oublié en route. Moi-même, j'en avais bavé.
Neuf mois plus tard, no problem. Ils engloutissent les films et les séries télé (sur notre vénéré Netflix) comme des hamburgers de la meilleure espèce. Pas une hésitation, ils comprennent tout. 
Même le très complexe "The We and The I", de Michel Gondry, que nous avons vu fin mars à l'IFC de la 6e Avenue, est passé comme une lettre au Post Office. Pourtant, pour ceux d'entre vous qui l'ont vu en version originale, ce film est truffé du "slang" parlé par les jeunes Blacks de Brooklyn. 
Ils l'ont mieux compris que moi, Félix y compris, car ils parlent comme (ou presque) les gamins du film, en tout cas, c'est comme ça que parlent leurs copains de la neighborhood, "the hood", le quartier.
C'est époustouflant, épatant, amusant, de les entendre tenir une conversation. Il leur manque parfois quelques mots. N'étaient pas sûrs de "heir" (héritier), dans The Great Gatsby. Ou demandent comment se dit un mot, comme "tabouret", ou s'interrogent sur les multiples sens des homonymes "slip/sleep". 
On avait d'ailleurs joué à ce jeu, un dimanche froid de janvier, avec Félix, en marchant le long de l'Hudson River de retour d'un tournoi d'échecs: trouver des mots, en anglais et en français, qui possèdent de multiples significations. Drôle, instructif.
L'anglais leur est venu progressivement, sans vraiment prévenir, et autour de Noël, même Félix, qui faisait un blocage évident au début, répondait presque malgré lui dans la langue de Shakespeare/Jay Z.
Parce qu'ils ont un sérieux avantage sur moi, leur vieille mère: ils maîtrisent le langage de la rue bien mieux que moi. Le slang: beats me!

dimanche 19 mai 2013

Du gaz sarin? Non, une cigarette

Dans ce pays, la clope est une infamie. 
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, je ne suis pas une pro-cigarette, même si je fume régulièrement, et je fais partie de la majorité des Français qui préfèrent les bars et les trains sans fumée.
Mais ici, on a atteint le stade de la tolérance zéro.
Ici, fumeur rime avec "loser". Pauvre mec peu éduqué, en tout cas même pas informé des ravages de la cigarette sur la santé, ou alors incapable de s'en passer. Donc faible.
La rue reste grosso modo le seul endroit où il est possible de s'en griller une, les parcs publics et la plus grande partie des terrasses de cafés et restos interdisant cette pratique diabolique. Mais même là, si vous avez le malheur de laisser partir votre fumée du côté de narines sensibles, vous avez droit aux grimaces et aux remontrances.
Au pays de la prohibition, fumer est devenu presque pire que boire, c'est dire!

Anecdote, hier, dans le métro. Une femme totalement paumée, SDF, grommelant, monte dans la rame. Elle allume une cigarette.

Un murmure horrifié parcourt l'assistance voyageuse d'un bout à l'autre du wagon. L'impression que la pauvre hère avait balancé une bombe microbienne.
Une voix s'élève, une dame bien mise, coiffure impeccable, accent russe, si fréquent dans ce train Q qui mène à Brighton Beach surnommée "Little Odessa". 
"-Arrêtez de fumer, vous n'avez pas le droit!"
(aucune réaction)
"-Vous... (toux marquée, légèrement forcée)... vous ne pouvez pas fumer ici, cela va rendre les gens malades." (sa voisine toussote aussi. La dame en profite pour s'indigner auprès d'elle: "elle n'a pas le droit! C'est interdit!") Pas compris que la hors-la-loi, vu son état, n'était évidemment accessible à aucune remontrance, aucune leçon de morale. Le bien, le mal, pas si simple...
Le ton réprobateur n'y fit absolument rien. Si ce n'est susciter quelques gros mots marmonnés. Et une deuxième cigarette!

Ce qui m'amène à une réflexion plus globale sur la grande trouille hygiéniste que j'ai ressentie ici, notamment en ce qui concerne la nourriture. Viandes et poissons sont quasiment toujours congelés avant d'être vendus ce qui leur ôte toute saveur et consistance. Et bien des coquillages sont nettoyés au chlore. Pas bon!

dimanche 12 mai 2013

Les mères en fête

Hi Guys!
Je suis de retour. Je sais, ça faisait longtemps. J'ai des excuses, qui ne sont que ce qu'elles sont, mais bon... Voyage intérieur, vie qui se complique, on fait des fois ce qu'on peut.
Retour au clavier, donc, oui parce que le stylo ou la plume d'oie, ça fait un bout de temps que c'est has been.
De retour donc, avec plein de nouvelles news ou de new nouvelles à partager sur ma vie d'ici pour vous là-bas.

1. D'abord, aujourd'hui, c'était Happy Mother's Day. Plusieurs semaines avant la France, les Etats-Unis célèbraient leurs génitrices, et j'en étais, avec mes trois fistons, c'était bien la moindre des choses.
C'est marrant car je ne crois pas avoir déjà eu d'aussi fervente fête des Mères. Ce doit être l'effet de la pression atmosphérique locale.
Ici, dans ce pays où les célébrations et autre "parties" oxygènent un mode de vie par ailleurs contraint (stress, codes sociaux, vitesse), bref où les habitants, éternels ados sous bien des aspects, ADOOORENT faire la fête, chaque occasion est bonne de se retrouver autour d'une bouffe ou d'un gâteau, ou même d'un hamburger.
Pour Mother's Day, d'abord, on envoie des messages à toutes les mères de son entourage. Ensuite, on part au "mall" (centre commercial) faire du shopping. Je n'ai pas bien compris si c'était des achats spéciaux pour maman, ou des achats qu'on n'a pas eu le temps de faire avant, ou juste un moment de consumérisme partagé (rien de tel pour ressouder une relation mère-fille), mais bon, shopping.
Moi, j'ai été gâtée. On a passé la journée à Red Hook (suprise!), un de mes quartiers favoris de New York, peut-être MON favori, et mangé du crabe à la "crab shake" face à l'embouchure de l'Hudson River, Statue de la Liberté, ferries et bateaux de croisières en ombres chinoises dans le soleil de mai.


La maison du crabe de Red Hook.



Pour manger, sans réservation, il fallait attendre une heure et demie pour cinq. heureusement, il y avait des jeux dans le jardin.


On a faim, on a faim!





Un petit tour juste à côté, dans une distillerie de whisky également distributeur de chocolat




Un des cadeaux, avec peluche et rose synthétique, choisis par Félix.


2. Autre info. En fait, une précision sur mon précédent post à propos des urgences de Coney Island Hospital.
J'avais affirmé que pour les enfants sans assurance médicale, certains services d'urgences soignaient gratuitement.
Bon, ce n'est pas rigoureusement exact, je m'en suis rendue compte une semaine plus tard devant une facture de… 719 dollars!
Les personnes à qui j'avais bien pris garde de signaler que je n'avais pas d'assurance maladie et qui ont balayé mes préventions d'un sourire n'avaient pas dû bien comprendre.
Je pouvais payer car Visa, Master Card ou American Express, ce qui, je le reconnais, est très pratique.
Seulement, notre compte en banque, tout Visa qu'il soit, manque de fonds, sérieusement et durablement.
J'ai donc appelé le service financier de l'hosto. D'ailleurs, dans un texte en haut à droite de la facture, un "Important message" invitait tous ceux qui n'ont pas d'assurance ou qui "se trouvent dans l'incapacité de payer cette facture" à appeler ce service.
Munie des docs indiqués, je me suis rendue au 6e étage de l'immense bâtiment, reçue avec gentillesse et compréhension. Bien-sûr, il a fallu que j'assure ne pas poursuivre quiconque en justice pour cette télé jetée aux ordures ayant atterri sur le pied de Félix. Un, que je leur ai dit, je ne sais pas à qui appartenait la télé. Deux, je n'ai pas d'avocat spécialisé dans ce genre de contentieux. Si j'avais porté plainte, le service aurait fait suivre la facture à mon (ou mes) avocat.
Ensuite, je suis redescendue au 4e, puis, non, pardon, c'est au 8e, ascenseurs (pour monter), escaliers (pour descendre), vérifier auprès du service MétroPlus que je ne pouvais pas postuler à leur assurance moins chère: avec un visa, ce n'est pas possible, seuls les porteurs de carte verte, les "vrais" immigrants le peuvent (nous, sous visa, on est juste des "résidents"). 
Enfin, après avoir fait une autodéclaration de mes dépenses et du fait que je ne dispose pas de revenus actuellement, la demoiselle a annulé ma facture. Purement et simplement. Au bout d'une heure et demie de négo. Et ben, ouf, parce que là, on n'y arrivait pas!

3. Deux nouvelles très newyorkaises: 
-les CityBikes arrivent en ville, enfin juste quelques-uns avant la mise en route officielle, le 27 mai, de ce système inspiré des Vélib parisiens. Des gens râlent déjà, sur le fait qu'il faut verser une caution, que les vélos sont pas faits pour les gros et que bon sang de bonsoir, on est à New York ici, pas à Paris!
-jeudi, une aiguille a été posée au sommet du One World Trade Center, l'immeuble construit sur le site des tours jumelles et destiné à les remplacer. Le building n'est pas encore fini mais avec cette pointe, il vient d'atteindre sa hauteur définitive, 1776 pieds, hauteur symbolique puisque c'est l'année de la déclaration d'indépendance. C'est "le plus haut de l'hémisphère occidentale", comme ils disent dans les journaux. Ce qui, d'un point de vue purement géographique, n'a pas beaucoup de sens, vous en conviendrez.